10.3.14

Ennui sans limite

Il va. Il vient. À pied ou en voiture, de préférence. Il regarde autour de lui. Il voit. Il ne voit pas. Il ne sait jamais ce qu'il voit. Il sait encore moins ce qu'il ne voit pas. C'est pourquoi il marche. Ou roule. Il lui arrive – c'est rare – de s'arrêter, de regarder, de croire voir. Et, puis encore une fois, il va et vient.
Comme il ne comprend pas la langue, il aime regarder la télévision japonaise, ses couleurs très spéciales, faussement gaies, qu'il avait découvertes sur les prospectus publicitaires distribués dans les rues de Tokyo. Il aime aussi contempler les jardins japonais, du Japon et d'ailleurs, les figures géométriques qui apparaissent, qu'il ne comprend pas, elles non plus. Mais y a-t-il quelque chose à comprendre ? La vie ? Oui, la vie. Mais non. L'ennui, peut-être. Illusions. Autant en emporte l'image de ces jeunes femmes assises au bord du jardin, jeunes femmes qui se fichent pas mal de ces cailloux, de ces dessins, de ces mystères. La vie... Encore faudrait-il que l'une d'entre elles se lève et qu'il la suive.
C'est la maison européenne de la photographie. Plutôt une maison mondiale. Son jardin japonais. L'exposition de David Lynch. De « petites histoires ». Si petites qu'elles se disent avec une seule image. Même lorsqu'elles bougent. Des images qui lui parlent. En attendant. Que sait-il faire, lui aussi, sinon attendre ? L'ennui est sans limite. Comme l'horizon. Illusions ou non.

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