17.3.14

À l'entrée du mur

Il se demandait ce qui l'attirait vers les murs, de préférence les murs nus. Murs nus, voilà une expression qui lui paraissait bizarre tant il y voyait de motifs s'y dessiner, un peu à la façon qu'ont les nuages.
Si on lui demandait de faire un effort – mais qui lui aurait demandé ? – il aurait dit qu'il tenait ça de son père. Il se revoyait – ou plutôt il se voyait, car on ne revoit jamais rien – donnant la main à son père lors de l'une de leurs promenades dans les villes du nord de la France ou en Belgique, il se voyait arrêtés devant un mur, de préférence le mur d'un bâtiment abandonné, et le contemplant, comme d'autres auraient contemplé une belle maison, une villa au bord de mer, un château.
Il voyait dans ces murs, dans les motifs qui s'y dessinaient, des messages qu'il lui fallait interpréter. Il ne savait pas encore, alors, que d'autres, très savants, faisaient la même chose avec des taches d'encre ou de café. Pour lui, le mur n'était pas un obstacle auquel il était condamné à tourner le dos, le mur était la porte d'entrée qui ouvrait sur son destin.

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